Un mystérieux spécialiste
Bonjour à tous
Une fois n’est pas coutume, un petit exercice de réflexion
pour Noël. A propos de cognition, douleur, menace et perception (pour changer).
Lisez donc ce qui suit et essayez de décrypter l’énigme de ce soir : Mais
qu’est ce qui a bien pu se passer chez moi ?
Il faut que je vous dise. J’ai vu un spécialiste il y a deux
mois. Oui je sais, j’ai osé. Je n’étais pas vraiment inquiète. Ça faisait
longtemps et puis j’avais quand même un petit doute. Le prochain confinement
menaçait et trop d’échéances avaient déjà été reportées. Il a été plutôt
rassurant, il m’a dit que pour l’instant ça tenait mais qu’il faudrait
envisager d’intervenir d’ici un mois ou deux. Je reconnais que j’ai été un peu
déçue. Je ne m’attendais pas à si peu.
C’est vrai que j’avais perdu un peu, que de temps en temps,
sur des à-coups, selon le terrain ou la vitesse, je sentais que ça ne réagissait
pas comme d’habitude. Pas comme avant en tout cas. Un peu moins de vivacité, de
réactivité, un petit retard, une latence. Quelque chose de vraiment frustre. Un
symptôme tellement vague qu’il en est difficile à décrire. Le genre « c’est
pas une douleur mais c’est comme une gène mais ça me dérange et c’est un peu
douloureux, quand même !
L’expert a confirmé la perte de performance et il m’a montré,
c’était beaucoup plus flagrant que ce que je pensais. Il a parlé d’amincissement,
d’épaisseur manquante, d’usure. Ce n’était pas urgent mais il ne fallait quand même
pas trainer. Je ne pouvais pas en rester là.
Alors je suis repartie, le rendez-vous pris pour intervenir au
moment qui lui semblait opportun. Le bientôt, vite, mais pas encore tout de
suite. C’est terrible quand on y repense hein ? Je m’y étais rendue
tranquille convaincue de ne pas aller au-delà d’un simple examen de routine et
bim, il n’y avait pas juste la routine. Je suis ressortie un peu inquiète, je
le reconnais. Entre l’hiver arrivant, la boue, les flaques, le verglas
peut-être dans cette région au climat merdique, moi qui y étais déjà sensible avant,
là, non seulement ça allait être désagréable de poursuivre malgré tout mais en
plus j’avais ce goût amer en bouche. J’avais pris beaucoup de risques sans le savoir.
Et il allait falloir patienter encore deux mois avant de résoudre ce problème.
Moi qui ne sentais presque rien avant, j’ai commencé à être
beaucoup plus gênée. Je l’ai attendu ce foutu deuxième rendez-vous. Je me suis
mise à craindre la pluie. Eviter les sorties sur des terrains en pente ces
jours-là. J’avais l’impression de sentir le contrôle m’échapper. J’étais de
moins en moins à l’aise. La peur s’est installée. Je ne sentais, ne voyait plus
que ça. Le risque de déraper. Le risque d’être blessée. Je cauchemardais sur
les milliers d’accidents possibles et comment appeler à l’aide, qui, comment. J’ai
compté les jours.
Et puis voilà. C’est fait. J’ai poussé un cri de soulagement
en voyant le résultat. Ça m’a couté un peu cher mais ce spécialiste là m’avait
été chaudement recommandé. Il a fait ce qu’il fallait. Et il a fallu que je
teste le résultat. Evidemment. Dès que j’en ai eu le droit.
La claque. Les sensations ont changé du tout au tout. J’ai
pu reprendre de la vitesse tout de suite, sans difficulté, sans heurt. J’ai eu
l’impression de voler et de maîtriser parfaitement le moindre mouvement. J’ai retrouvé
l’allant, le répondant, le contrôle. C’est quand on le retrouve après l’avoir
perdu, ce sentiment de sécurité, qu’on mesure combien il nous avait manqué. J’ai
même pu recommencer à penser aux vacances à venir, je suis de nouveau en confiance
pour faire des projets.
…
Alors, à votre avis ?
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